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Trump, Périclès et les chakras : menaces sur les sciences sociales et les formations en management

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    contact083742
  • 20 mars
  • 3 min de lecture

La nouvelle présidence de Donald Trump aux États-Unis a marqué un tournant dans l’histoire de la liberté académique. Sous prétexte de défendre des valeurs nationales, son administration attaque violemment les champs de recherche dits « critiques », notamment ceux liés au changement climatique, aux droits des minorités et à l’égalité des genres.


Ces attaques, qui visent à censurer et à marginaliser les travaux jugés trop progressistes, suscitent un effroi légitime.



Mots que l'administration Trump "décourage" d'employer dans les recherches académiques
Mots que l'administration Trump "décourage" d'employer dans les recherches académiques

Les psychologues du travail doivent rester vigilant.e.s car leur discipline, située à l’intersection des sciences sociales et des pratiques organisationnelles, est souvent perçue comme un espace critique vis-à-vis des structures de pouvoir et des normes établies. La demande qui leur est faite est souvent, convenons-en, d'accompagner un statu quo dans les organisations plutôt que de le remettre en cause et de réaffirmer la nécessité d'un pouvoir d'agir des salarié.e.s.


Résister à cette demande pourrait devenir de plus en plus difficile.



Un prototype d’outil de contrôle idéologique


Financé par Stérin, le milliardaire promoteur du projet ultra-conservateur Périclès, cet observatoire prétend défendre les valeurs de l’université tout en se défendant de vouloir devenir un instrument de censure. Sous couvert de promouvoir l’éthique et une certaine vision des « valeurs républicaines », il entend limiter la liberté académique, en particulier dans les domaines critiques comme les études postcoloniales ou les recherches sur les inégalités.


Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large d’entrisme de l’extrême droite dans le monde universitaire et associatif, illustrée par le rassemblement du 25 mars à Paris contre l’islamisme, qui, à y regarder de près, semble cibler davantage la gauche progressiste que le radicalisme religieux... et associe deux officines également financées par Stérin. Si je cite cet exemple en particulier, c'est parce qu'il donne à voir comment l'extrême droite choisit des combats "de bon sens" (terme cher à Trump) pour faire avancer ses théories. Personne de sensé n'est en effet pour l'islamisme, ce qui ne veut pas dire être contre un regard critique sur le modèle de société français.


Demain, des rassemblements "de bon sens" contre "un certain féminisme anti-républicain" permettront sans doute à Fourest et consort de questionner l'égalité entre les femmes et les hommes au travail.





Cette offensive conservatrice s’appuie notamment, c’est devenu des classiques, sur

  • la théorie du "complot islamo-gauchiste", qui accuse les universitaires et intellectuels critiques de collusion avec le terrorisme (rien que ça),

  • la théorie tout aussi complotiste du "projet wokiste", qui vise à "affaiblir l'occident traditionnel par la généralisation du métissage et des formes LGBT+ de sexualité".


En diabolisant ainsi des pans entiers de la recherche et du débat public, cette rhétorique justifie des mesures de contrôle et de censure, à l’image de ce que Trump a mis en place aux États-Unis. L’objectif est clair : débarrasser l’université et la société civile de toute pensée critique, pour imposer un agenda conservateur néolibéral.


Le management New-Age : l’autre mâchoire de la tenaille


Les formations en management sont au cœur d’importants enjeux de pouvoir, car elles façonnent les compétences et les pratiques des "leaders de demain", influençant ainsi les dynamiques organisationnelles et les relations de pouvoir au sein des entreprises.


De mon point de vue, si l’extrême droite représente une mâchoire de la tenaille qui menace les sciences sociales, l’autre est incarnée par l’offensive des mouvements pseudo-scientifiques New-Age sur ces formations. Des concepts comme le management vibratoire, le management quantique ou la communication non violente envahissent certains parcours académiques, les vidant de leur substance scientifique.


Or, les approches New-Age dénuée de la rigueur la plus élémentaire, risquent au même titre que les néo-conservateurs de détourner les formations en management de leur mission fondamentale : produire et transmettre des savoirs critiques.


(Lorsque je disposerai d'un peu de temps, je proposerai un épisode sur ce phénomène et montrerai - spoiler alert - des liens solides entre les théories managériales New-Age et l’extrême droite).


Un chemin à tracer


Face à cette double menace, il est urgent de défendre à la fois la liberté académique et l’esprit critique. Exercice qui peut s’avérer délicat voire paradoxal.


Les sciences sociales, dont fait partie la psychologie du travail, doivent rester un espace de réflexion critique et de remise en question de l’ordre établi. Pour cela, il faut résister à la fois aux tentatives de contrôle idéologique de l’extrême droite et aux dérives pseudo-scientifiques des mouvements New-Age, qui lui servent de marche-pied.


A nous de tracer un chemin qui résiste à ces deux périls, c'est ce qu'on essaie de faire ici.

 
 
 

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